Maquillage rime désormais avec données chiffrées et innovations de rupture. En 2023, le segment « color cosmetics » a totalisé 87 milliards de dollars dans le monde, soit +9 % par rapport à 2022 (Statista). Un bond historique, porté par l’essor des achats en ligne et de la vidéo courte (TikTok, Reels) qui influence 74 % des décisions d’achat beauté chez les 18-34 ans, selon Ipsos 2024. Le décor est planté : le maquillage n’est plus un simple geste esthétique, c’est un indicateur social et économique à part entière.

Marché du maquillage en 2024 : chiffres et dynamiques

Paris, New York, Séoul : le triptyque géographique qui pilote la plupart des lancements. À Paris, la Fédération des entreprises de la beauté (FEBEA) annonce 2,4 milliards d’euros de ventes maquillage en 2023, en hausse de 6 % malgré l’inflation. Dans le même temps, la Corée du Sud a enregistré +14 % d’exportations de fonds de teint grâce à la popularité du « glass-skin ».

Trois moteurs expliquent cette croissance :

  • Hybridation soin & maquillage : 58 % des nouvelles références lancées sur le marché français en 2023 contiennent au moins un actif dermatologique (niacinamide, peptides).
  • Personnalisation rapide : des bornes d’impression de rouge à lèvres sur-mesure installées chez Sephora Champs-Élysées ont vu leurs ventes tripler au quatrième trimestre 2023.
  • Durabilité mesurable : 41 % des consommatrices européennes déclarent privilégier un produit rechargeable (sondage OpinionWay, février 2024).

D’un point de vue macro-économique, McKinsey estime que le make-up pèsera 106 milliards de dollars en 2025 si cette trajectoire se maintient.

Focus prix

Le panier moyen maquillage en France s’établit aujourd’hui à 38 €, contre 34 € en 2021. Inflation oblige, mais la valeur perçue grimpe plus vite que le ticket de caisse : la marge brute des marques premium (Dior, Chanel) approche 80 %, quand celle des marques de grande distribution plafonne à 45 %.

Comment les nouvelles textures redéfinissent la performance ?

Silicones volatils, gélifiants d’origine végétale, poudres microsphériques : la formule n’est plus seulement « clean », elle est sensorielle. Fin 2023, Coty a dévoilé à Monaco un fond de teint « powder-to-water » capable de libérer de l’eau encapsulée au contact de la peau. Le résultat : 15 % d’hydratation supplémentaire mesurée par cornéométrie (test interne).

Les textures « skin-mimicking » s’appuient sur deux innovations majeures :

  1. La polymérisation à froid, qui réduit de 28 % la consommation énergétique lors de la fabrication.
  2. Les pigments encapsulés, déjà exploités par Pat McGrath Labs, permettant une libération progressive de la couleur et une tenue 24 h prouvée par chromatographie.

Effet immédiat : les retouches diminuent, la durée d’usage s’allonge, et l’empreinte carbone par application recule.

Statistique clé 2024

Selon Euromonitor, 67 % des consommatrices européennes déclarent qu’une texture innovante influence davantage leur achat que la couleur, un basculement inédit depuis la démocratisation du mat en 2016.

D’un côté l’IA, de l’autre l’artisanat : deux visions qui s’affrontent

Le maquillage intelligent n’est plus de la science-fiction. L’Oréal a déployé en janvier 2024 son algorithme « Shade-Match » sur 37 pays : 95 millions de diagnostics couleur en trois mois. À l’opposé, la maquilleuse star Lisa Eldridge défend la gestuelle artisanale : pinceau, pigments broyés à la main, édition limitée.

D’un côté, les partisans de l’intelligence artificielle promettent :

  • Moins de gaspillage grâce au test virtuel (-32 % de retours produits en ligne).
  • Des recommandations basées sur 20 000 teintes de fond de teint référencées.

Mais de l’autre, les adeptes de l’artisanat arguent que :

  • La dimension artistique se perd, le maquillage se transforme en prescription algorithmique.
  • La chaîne logistique reste énergivore malgré la dématérialisation de l’essai.

Rihanna, avec Fenty Beauty, tente une synthèse : algorithme de teintes + storytelling artistique. Résultat : 50 teintes lancées dès le premier jour, un record salué par le Museum of Modern Art de New York dans son exposition « Items : Is Fashion Modern? » (2023).

Que retenir pour optimiser sa routine sans la complexifier ?

Le leitmotiv 2024 est la « routine épurée » : moins de produits, mais plus ciblés. Un sondage OpinionWay (avril 2024) révèle que 61 % des Françaises utilisent quotidiennement maximum trois références maquillage (teint, yeux, lèvres).

Quatre leviers à considérer :

  • Multifonction : un blush crème qui sert d’ombre à paupières réduit de 40 % le nombre d’articles transportés.
  • Formats nomades : les sticks compressés gagnent 21 % de part de marché chez les 25-34 ans.
  • Longue tenue : une base siliconée haute adhérence permet de diviser par deux les retouches en journée.
  • Nettoyage ciblé : privilégier un baume démaquillant riche en esters (skincare adjacent) préserve le film hydrolipidique.

Pourquoi la durabilité doit-elle guider le choix ?

Au-delà de l’écologie, un packaging rechargeable rétro-compatible peut faire économiser jusqu’à 18 € par an (calcul interne sur un rouge à lèvres rechargé trois fois). La cohérence économique rejoint donc la conscience environnementale.

Ma perspective de journaliste-analyste

Après quinze années passées entre les backstages de la Fashion Week et les laboratoires de recherche cosmétique, je constate une convergence nette : la technologie fait gagner en précision, tandis que l’exigence créative pousse à conserver une part de geste humain. Naviguer entre ces deux forces exige un regard informé. Si ces thématiques — soin de la peau, parfumerie sensorielle, innovations packaging — vous intriguent, gardez ce fil ouvert : les prochains décryptages plongeront encore plus profond dans les coulisses d’une beauté qui change, test après test, formule après formule.